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La petite histoire de Pexiora 3

       Si tu veux bien, lecteur historien, nous allons continuer notre petite histoire de Pexiora et partir aujourd’hui à la découverte de nos moulins.


(Photo Pierre Mercié)

       Lorsque l’on parle aujourd’hui de moulins à Pexiora, on pense d’abord aux moulins à vent parce qu’il nous en reste des traces visibles, mais il ne faut pas oublier qu’avant leur apparition en Lauragais, il y eut d’abord de nombreux moulins à eau dans nos communes. Autre sorte de moulins dont on peut aussi évoquer la présence : le moulin “pastellier”.

       Comme je te l’ai dit précédemment, à partir de 1101, les Commandeurs de l’Ordre des Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem ont énormément contribué au développement de la région par des défrichages massifs, mais aussi par la construction de moulins à eau installés sur les ruisseaux environnants. Le débit d’eau étant insuffisant, ils fonctionnaient avec une “païsserade” de l’occitan “païssera” : retenue d’eau. Ces mini-barrages permettaient un lâcher d’eau au moment voulu pour faire tourner la roue du moulin. Il n’en reste aucune trace aujourd’hui.

      Pexiora fut probablement une des toutes premières localités du Lauragais à voir apparaître des moulins à vent, technique importée de l’Orient à la suite des Croisades. Notre commune en a compté jusqu’à huit, depuis le premier, érigé en 1245 derrière l’église actuelle, jusqu’au dernier bâti en 1836 par la famille Bénazet, la grande tribu des meuniers locaux.

      Il en reste aujourd’hui trois. L’un se trouve sur une propriété privée, reconnaissable à son toit plat. Les deux autres font partie du patrimoine de la commune grâce à un don de leur dernière propriétaire. Tous deux ont fait l’objet de restauration : toiture en châtaignier, à trois rangées de voliges à l’ancienne. Malheureusement aucun n’a encore retrouvé ses ailes caractéristiques.

      Celui de droite est bâti sur une cave voûtée, avec des murs de 1,80 mètre d’épaisseur à la base. C’est le plus ancien. Il remonterait  à la fin du XVIème siècle et est vide à l’intérieur.


      Celui de gauche serait un des derniers bâtis en Lauragais. Sur sa porte l’inscription : 18 avril 1869. Il aurait fonctionné jusqu’aux années 1920 et a repris du service momentanément au moment de la deuxième guerre mondiale. Son mécanisme intérieur est partiellement conservé avec les grandes roues en pierre qui écrasaient le grain.

      Deux moulins pastelliers sont signalés au XV et XVIème siècle à Pexiora. Ils se trouvaient  dans les fortifications du village. Un rouleau actionné par des boeufs triturait les feuilles de pastel jusqu’à ce qu’elles se transforment en une pâte dont on faisait des boules, appelées coques ou cocagnes. Ces boules étaient mises à sécher, puis vendues à des spécialistes pastelliers pour en obtenir la teinture bleue. Il ne subsiste bien sûr aucune trace de ces installations.

Article écrit grâce au document de S. Verdier et illustré des photos de D. Dutrech. Merci à eux.

La petite histoire de Pexiora 2

       Je t’ai dit lecteur historien, que je te parlerai de notre plus beau monument à Pexiora : l’église.

       Très imposant, ce grand vaisseau domine le village et la plaine à ses pieds. Il est un peu étonnant de voir un édifice de cette importance pour un aussi petit village. Mais lorsque l’on connaît un peu mieux notre histoire, tout s’explique.

        Vers 1100 les seigneurs de Laurac (d’où Lauragais) cèdent le village et ses terres aux Hospitaliers de St Jean de Jérusalem qui cherchent des gîtes d’étapes sur le chemin des Croisades. Ce legs dispense les donateurs de participer aux Croisades auxquelles ils ne sont guère favorables.
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         Rapidement le village se développe sous la garde des chevaliers qui en font la première Commanderie du Sud de la France. Ils construisent des moulins à eau puis à vent, là aussi les tout premiers du Sud de la France. Ils édifient l’imposante église à coté de leur Commanderie et fondent un hôpital.

       De 1200 à 1300 les Cathares circulent librement, protégés par les seigneurs de Laurac, tolérés par les Hospitaliers.
Des stèles discoïdales rassemblées aujourd’hui dans le petit jardin de l’église et provenant d’un ancien cimetière, sont souvent appelées “croix cathares”.

       La richesse des Hospitaliers vaudra à Pexiora d’être le seul village épargné et non brûlé par le Prince Noir lors de la guerre de cent ans, en 1355. Les chevaliers ont pu verser grâce à leur fortune une importante rançon, rançon que même la cité de Carcassonne ne put payer.

       Mais notre église ne connaîtra pas pareille chance en 1570 lors des guerres de religions. La nef sera partiellement brûlée lors du passage des troupes de l’armée de Coligny.

        Reconstruite, elle subira les outrages du temps comme beaucoup de monuments. Mais restaurée, remaniée, augmentée de cinq chapelles, elle reste l’imposant édifice qui s’élève aujourd’hui au dessus du paysage traversée par l’ancienne Voie Romaine. Elle reste le lieu de sépulture de nombreux seigneurs de Laurac comme de nombreux dignitaires de l’Ordre des Hospitaliers de St Jean de Jérusalem.

A bientôt